LES GROUPES

Les enfants de dieu mortels paressent la fin de semaine, dans leur maison blanche, ils semblent apaisés par ces jours de repos. Les vivants vivent leur existence proprette, partent travailler cinq jours puis reviennent le soir dans la sécurité des murs de leur habitat. Ils sont croyants ou athée, ouvrier ou cadre, riche ou pauvre mais ils possèdent la santé, les cinq sens et un fil de vie devant eux. Ils ne se soucient pas de l’avenir ni du passé bien que les émotions les étranglent quelques fois, car les hommes sont des progénitures mystérieuses, issus des obscurités. Les maladies les chagrinent et les guerres les ruinent, beaucoup de disparus à Tromso où les stèles ivres de noms sont enracinées à l’entrée du cimetière. Puis l’espoir aussi, le grand combat de l’humanité de croire aux couleurs effleurées de bonheur ; et là, depuis quelques temps les morts qui reviennent tel le christ sorti du calvaire. Ils sont des hommes simplement, des femmes et des enfants encore profitant pour un temps à l’univers et au soleil.

L’éther s’exprime dans les aurores doucereuses, aux flamboiements des yeux, aux fourmillements des mystères ; ils sont les êtres de feux, ceux des vertiges du puissant ; ils n’entrent pas dans les transes hallucinatoires, eux ils obtiennent le présent et le futur par flash, par révélation. Bizarre moment, figés en pleine rue, stoïques pendant une seconde celle des connaissances inexplicables. De ceux qui arrivent à manier le don, à apercevoir des évènements dans leur entièreté ils sont rares. Rares aussi ceux qui parviennent à découvrir les émotions, des sensations d’autrui et beaucoup sont ceux qui chapardent l’argent du démuni. La majorité navigue dans les flots incertains de ce cadeau des cieux ; la rage écume sur les lippes, le rejet de posséder une malédiction. Ils imaginent une brume vaporeuse dans les agates tétanisée, ils imaginent les anges à leurs côtés. Oui ils cherchent une explication rationnelle à ce qui leur est arrivé.

Les détresses du cœur de ne pas comprendre, aux lèvres qui chuchotent des litanies, ils prient au bas de leur lit à savoir, à voir, à patauger dans l’océan millénaire des absurdités car ils sont des enfants de la génération des sciences, l’esprit alerte des rationalités, ils ne croient pas non, ils ne croient pas aux présages funestes. Des morts qu’ils côtoient ils les ignorent, un pas de côtés aux cadavres mouvants, ils rejettent de cris sanglants, ils répugnent dans leur agates palpitantes des sanglots d’idioties de pareils inepties. Le déni ou le fondamental droit de la sécurité, car ils ont peur, le cœur chamarré des pertes de repères ; ils ont peur de ceux qui ont traversés les tempêtes. Et là, dedans, les grésillements de savoir ancestraux hantent les corps habitués aux plaisirs du quotidien, matérialistes et dérisoires ; ils notent alors les yeux de blanc vêtus, bouffis par les messages des anges. Ils ne sont pas voyants, ils ne sont pas médiums, la définition de leur condition retenti aux musiques des archives seuls les prêtres drastiques s’amusent des vues que leur offrent les chérubins des cieux.

Ils sont les enfants de l’au-delà, des légendes survivent au coin des bouches souriantes, des flammes aux pupilles pâles de la mort, ils se sont relevés, gelés de l’eau cristalline du lac glissant sur leur corps dénudé comme des nouveaux nés. Le froid ne les atteint pas ils goûtent au silence, observent pour certains les nouvelles pratiques, des nouvelles coutumes, morts depuis des siècles peut-être. Ils ne savent pas les raisons, ce mystère pénétrant leur âme d’ailleurs de celle-ci on n’en parle pas car de douleur et de peine ils ne ressentent rien, peut-être ; leur visage maculés de calme aux déraisons qui les obsèdent, quelques fous parmi les levés, ces morts-vivant qui sillonnent les blés ; de nature ils progressent, leur main talentueuses caressant les pailles de la nature affolée. On les murmure du bout des doigts, des personnes que l’on pince pour être sûr de la vision christique, l’on dit que l’apocalypse se prépare à ceux des revenants habitants qui vivent une deuxième fois. Voir l'annexe des morts