LE CONTEXTE

La résurrection. C’est comme cela que l’on appelle l’évènement qui a décidé du futur de Tromso ; des morts qui se relèvent aux aurores boréales, les soirs peuplés de couleurs chatoyantes. Les vivants y ont vu le jour de l’apocalypse, proche maintenant. Ils ont ouvert leurs bibles, posées à présent sur leur table de chevet.

Puis les vivants ont constatés que ce n’étaient pas des créatures de séries télévisées, que les morts avaient gardé tous leurs souvenirs, sauf ceux de l’au-delà. Bien sûr, quelques-uns racontent des fables mais dans leur voix résonne la vérité. C’est simplement absurde d’y croire ; les scientifiques alors se sont concentrés sur ce phénomène, espérant y découvrir une réponse censée. Mais de cela rien, le néant complet.

Alors les gens ont commencé à aider ceux qui revenaient, de plus en plus de cadavres mouvants pénétraient le territoire de la ville ; et les personnes disparues embrassées par les bras des veufs et des tristes sbires qui avaient subi le deuil. D’autres espèrent revoir leur défunts et ont déjà fait une place dans leur maison. Il semblerait qu’il n’y ait pas de peur de la part des existants même si d’autres personnes étranges se sont réveillées avec un don : ceux qui entrent en contact avec l’éternel, des médiums.

Ceux qui s’accrochent aux savoirs théologiques, par moment de crises, ceux qui portent les stigmates du christ, ces saints qui ne savent pas ce qui leur arrive.

Tromso hébergerait-elle le purgatoire, aurait-elle un secret enfoui au fond du lac ?


La neige s’étire délicatement aux nuages blancs crémeux se dévoile les doux rayons solaires que les gens apprécient. Regarde ces paupières fermées des touristes venus visiter les plaines des neiges, dans leurs habits de chaleur ; ils s’émerveillent. puis les habitants de toute une vie qui s’élancent gaiement au boulot, chez des amis, aux rendez-vous qui comblent le vide ; les projets dans leur yeux, la pluie sur les joues pour les tristes sbires n’ayant que leur bras comme monnaie. C’est la ville de Tromso que tu pénètres, soixante-dix millions d’humains y ravagent des existences, les phares clignotent puis s’éteignent le soir lorsque l’aurore apparait. L’on dit aussi que le lac s’y baignent des cygnes d’une rare beauté, des plumes laiteuses aux aubes boréales ; les touristes eux, sourient, pour un temps. Car la brume se lève et se déploient la légende de la morte, celle de la princesse des sauvages envolées, d’un amour soufflé, d’une chandelle brisée, par le prince du ballet, trompée dans les litanies du masque de la sorcière noire. C’est un conte que l’on raconte aux enfants, c’est un mythe que l’on présente à l’opéra des grands.

Bienvenue à Tromso là où l’hiver dure, éternel jouvence des cristaux immaculés.

Où les morts se dévoilent aux yeux de satin, des agates ravies pour la plupart de retrouver les proches envolés et d’autre les paupières étoilées qui pleurent les méfiances de ces êtres levés. Le mythe raconte que le lac navigue des eaux bénéfiques, la coupe d’éternité y serait cachée dans une grotte de cristal, mais gelé est-il depuis des années. L’on a vu des corps s’amasser, dans les lueurs matinales, blancs comme le lait, souple comme la neige glaciale ; des visages neufs auréolés de curiosité. Dieu sur les bouches s’évanouit depuis quelques jours, les morts sont pardonnés, ils vivent avec nous.